Je n’aimerais pas vivre avec moi ! Le vrai combat de l’atelier pour ma part, c’est quand j’y arrive à reculons avec cette envie de ne rien faire, mais quand je te dis ne rien faire, c’est vraiment ne rien foutre, pas en branler une seule, la glande totale!
Les journées où même un crayon pèse le poids de mon enclume, alors t’imagines bien dans ces moments-là, la lourdeur de mon marteau ?
« Bah pourquoi t’es venu ? » me demande régulièrement ma petite voix intérieure, d’un air culpabilisant, tu aurais pu rester au pieu… (Elle est assez familière avec moi cette petite voix… depuis l’ temps !) Je me pose souvent cette éternelle question, sans jamais pouvoir y amener une vraie réponse. C’est comme ça, mon côté Pavlovien j’imagine ? Alors, commence une mini analyse de ma part, intégrant différents paramètres que je vous livre dans le désordre. - l’humeur du jour. (Soucis divers, tracas petits ou grands, etc.) - le moral des finances. (Souvent quand j’ai trop de fric, je remets au lendemain quelques chef-d ‘œuvres.) -Le moral des finances 2. (Souvent quand je n’ai pas beaucoup de fric, je remets au lendemain quelques chef-d ‘œuvres.) - Le manque de soleil. (Souvent en hiver, qui va aussi avec la froidure de l’atelier.) -Le fait de savoir que je ne vais pas avoir beaucoup de temps devant moi. (ça vaut pas le coup de démarrer quelque chose.) - Visitations, repas et autres cafés (Que je ne regrette jamais.), coup de fil interminable… -La peur de se salir. Bref, tout un tas de trucs à la noix ou pas, qui me bloque. Alors, maintenant que je pratique le bonhomme depuis pas mal de temps, la première des choses à faire pour conjurer ma morosité d’esprit, est si je suis en habit de ville, de passer le plus vite possible aux vêtements d’atelier. (Ça reste un gros poste dans cette affaire-là.) Concentration totale et réunification des faibles forces de ma gris’aïe d’esprit, ne faire que ça durant une minute ou deux, ça peut paraitre ridicule, mais ça me demande un tel effort intellectuel… (J’vois bien qu’tu te marres tout seul derrière ton écran…). Dans ces moments de grande fainéantise, changer de peau reste un exploit… et là, ce n’est vraiment pas fastoche pour moi comme si je ne voulais pas devenir le sculpteur, mais rester un visiteur de l’atelier, contemplatif de l’autre ! Le pantalon, ensuite la chemise et enfin les chaussures… me voilà avec l’uniforme d’artiste, la journée peut enfin commencer si ce n’est pas trop tard dans la matinée, sinon ça attendra l’après-midi, où la sieste reste souvent un piège à éviter ! Ça peut paraitre con, mais souvent c’est ce qui me bloque, pas la sieste, le changement de peau. Et ce dernier reste le plus compliqué, le plus dur à mettre en œuvre, si j’ose dire!
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