L’atelier de Pantin n’était qu’un plateau vide la première fois que je l’ai visité. Y’avait juste une armoire de bureau aux portes vitrées teintées, abandonnée là comme seule témoin d’une activité récente. Le gros cube vert, soufflerie suspendu au plafond avec son thermostat d’un autre âge, qui devait théoriquement me chauffer en hiver, s’avéra quelques mois après être en panne ! Faut dire que j’avais acheté l’atelier en été et qu’en été on ne met pas le chauffage ! Double panne me dit le gros monsieur du haut de son échelle ! Ça se voyait, sans être chauffagiste que l’installation datait de la guerre froide ! M’enfin avec un peu de chance m’étais-je dit à l’époque... Le gars perché la tête dans le gros cube vert, laissait entrevoir un copieux sourire du plombier... Alors que je n’avais de cesse de me demander combien cela allait me coûter, le gros monsieur entama une conversation sur la vie d’artiste qu’il connaissait bien, puisqu’il en avait fait partie lui aussi dans sa jeunesse ! Ah bon lui dis-je ? C’est moi, me dit-il qui ai écrit les paroles de : « Pour un flirt avec toi » Vous connaissez cette chanson de Michel Delpech ? Avant même que je puisse répondre, il me répéta, hé bien c’est moi le parolier ! Etonnement muet de ma part !!! Pas le temps d’enclencher une réponse qu’il se mit à entonner dans la foulée la dite chanson avec plus ou moins de brio... Effet sonore suivant qu’il était à l’intérieur ou l’extérieur du gros cube vert ! En 1991 y’avait pas internet, alors depuis tout ce temps, j’y ai cru à cette histoire ! Me disant quand même, que cette chanson avait été un tube et qu’au niveau royalties il n’avait pas le besoin de faire le chauffagiste...Aujourd’hui je pense au gros monsieur sur son échelle et y’a internet... je ne te dis pas la déception !
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