Quel âge pouvais-je avoir ? Six, sept ans ? En tous cas, j’avais des épaulettes et un tricycle ! Je me souviens vaguement que c’était pour un défilé au stade où toutes les écoles de la ville s’étaient donné rendez-vous… Tout parait grand et bien neuf sur cette photo, je vois aussi qu’il y avait déjà un intérêt dans la famille pour les cactées… On aperçoit garée dans la cour, de l’autre côté du trottoir, le haut de la camionnette de Madame Charlier. Elle faisait dans son atelier tout en longueur, des biscuits de toutes sortes. Un peu comme ceux que l’on trouve aujourd’hui dans des boites métalliques. Veuve mais néanmoins femme de chasseur, il y’avait accrochés aux murs et assez haut perchés au-dessus des plans de travail, tout un tas de bois de cerfs, biches et compagnies, massacres et hures de en tous genres. Le tout copieusement arrosés de toiles d’araignées ! Impressionnant défilé, que nous exécutions quotidiennement ma sœur Vava et moi-même, scrutés par tous ces yeux de verre, pour aller au fond de l’atelier où se trouvait la patronne! Chacun de nous avions nos préférés… personnellement, j’aimais bien quand on pouvait voir l’intérieur rose de la bouche. Ma petite taille et mon jeune âge, accentuant la perspective et le côté fantasmagorique de l’endroit. Elle avait quelques employées, qui nous avaient à la bonne et qui nous offraient toujours tout au long de ses matinées des biscuits tout chauds sortis du four. Les beaux jeudis matins que nous passions quand ma mère ne nous emmenait pas au marché ou que nous n’avions pas Caté ! Aller chez madame Chalier le jeudi matin, revenait à dire que pour notre quatre heures, nous aurions les biscuits fabriqués par nos petites mains, mais le vrai bonheur, était quand ma mère pour accompagner ce quatre heures nous faisait ses crèmes à la vanille !
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