Arrivé à l’atelier, j’ai allumé le feu, réchauffé le café de la veille pour la énième fois, (je ne compte plus tellement il a bouilli…) et puis plus envie de parler. Laisser les téléphones sonner et regarder les flammes. Mes mains causent toutes seules dans mon dos en ce moment. Impossible de ne rien faire. Comme une corvée, il y avait ce dessin à finir depuis des éternités… Débarrasser la table, empiler la vaisselle dans l’évier, trouver ma boîte en métal blanc qui me sert de plumier. Mon porte-plumes a mon âge ou si peu. Viel ami qui me suit d’atelier en atelier. Bien avant même, puisqu’à mon papa. La plume en est soudée au manche par l’encre séchée. La page est maculée de piqûres de feu. Prétexte au vagabondage de ma plume sauvage. J’ai laissé libre cours, lui donnant la journée.
Le trait au début ne savait pas trop où aller. Le dialogue aidant, il prit l’assurance des débutants. Le geste de l’époque est revenu, comme enfoui, comme quand je faisais mes bandes dessinées pour t’impressionner. Seule arme dont je disposais pour te séduire à douze ans ! Je me suis rendu compte de cela cet après-midi. Chaque fois que je trempais ma plume dans l’encrier (Tu parles d’un symbole…) je te devais Isabelle sans le savoir ma carrière d’artiste…