Ces derniers temps, à chaque fois que je passais à l’atelier de Pantin, j’embarquais des trucs dans ma voiture en prévision de ce gros déménagement. Sorte de médecin de guerre sur le champ de bataille , il y avait comme un centre de d’aiguillage dans ma tête qui se faisait instantanément, ça reste, ça part ! Assez primaire comme raisonnement pour ne pas m’encombrer les méninges! Mine de rien beaucoup de pression à l’idée de voir cette transhumance se concrétiser... Ce qui devait partir ou qui ne pouvait rentrer dans la bagnole, était mis sur palette. Le reste étant stocké dans l’ancienne boite à poussière reconvertie en débarras pour la cause... Le lundi soir, j’étais resté dormir à l’atelier pour être prêt de bonne heure, le jour j. D’habitude, se sont mes sculptures qui sont couchées sur le petit matelas en mousse recouvert d’un tissu à dominante rouge... cette fois ci ce fut à mon tour d’y être allongé. Je pensais tout en essayant de trouver le sommeil, que ce matelas qui avait effectué sa reconversion depuis quelques années, datait de l’époque ou mes enfants dormaient chez leur grand-mère... autant dire une bonne vingtaine d’années... la chaleur étant trop forte dans la mezzanine, je me suis retrouvé au rez de chaussée, sorte de veillée de guerre te dis-je... En ouvrant la grande porte de l’atelier vers les 08 heures du mat, l’air encore frais est entré et ne m’a pas fait sortir la boule au ventre que j’avais. Au fur et à mesure que les palettes étaient englouties par le gros camion je ressentais l’atelier qui se vidait de son sang... hémorragie de sentiments... Je pensais une fois de plus que tout allait rentrer ? La preuve que non ! Impression bizarre de voir l’enclume et ses potes quitter l’atelier pour de bon, après plus de vingt six ans de bons et loyaux services... !
Fin d'une histoire, une autre commence. Je pense que ce sera le même bonhomme...
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